AC/DC: la mariée était en noir

 

Back in Black est paru en 1980, après le décès de l’emblématique Bon Scott: énorme succès pour ce disque qui vit le groupe passer un cap muscial (toute proportions gardées comme toujours avec AC/DC), mais surtout populaire avec 50 millions de ventes.

« Fort bien, dans ce cas ces types n’ont pas besoin de moi », nous dit-on, « et pourquoi en parler ici ? »

Stop ! Avec AC/DC les choses sont moins simples qu’il n’y paraît… Groupe à fort capital sympathie, loué de façon indéfectible pour ses prestations live, AC/DC entretient une relation discographique particulière avec les amateurs de Rock en général. Ceux-ci ont rapidement tendance à penser que tous les albums d’AC/DC se suivent et se ressemblent, et délaissent ce groupe qui a souvent bercé leurs tendres années pour se tourner vers d’autres éventuellement plus sophistiqués. Mais tôt ou tard, chacun y revient pour essayer de perçer le secret de la jouissance unique et un peu coupable que ce groupe procure malgré ses évidentes limites, une denrée beaucoup plus rare qu’escomptée…

Le réflexe peut se concevoir au vu de la discographie effectivement très linéaire du groupe; mais dans le cas de l’album Back in Black, il s’agit d’une petite injustice que nous souhaitons dénoncer…

Avec ce disque, AC/DC tranche avec la première période du groupe et propose quelque chose de (relativement) neuf. Taxé un peu rapidement de hard, AC/DC pratiquait en réalité le temps d’un début de carrière tonitruant un Rock n’ roll / boogie excitant, rêche,têtu, et redondant. Voir cet extrait de l’explosif Riff Raff live:

Highway to Hell reposait toujours sur cette recette, mais gagnait une production grand public (comprendre une production) avec l’arrivée de John Mutt Lange aux manettes qui lui entrouvrit les portes du succès populaire. C’est pourtant bien Back in Black qui va réellement marquer l’évolution du groupe et mettre le feu aux poudres: prolongeant avec ce même producteur, le groupe engouffre son Blues dans la construction Pop, aérant des guitares devenues rutilantes, développant enfin la mélodie, injectant breaks et nuances dans sa mixture sans pour autant perdre ses sonorités heavy. Résultat: une musique pleine, qui perd en rugosité ce qu’elle gagne en variété et démontre que le groupe peut s’extraire de la citation Rock n’ Roll permanente pour véritablement écrire des morceaux. L’album, particulièrement excitant, inclus les archi-connus « Back in Black », « Hells Bells » , embarque les mélodiques « let me put my love into you » et « you shook me all night long », ainsi que le bluesy « Rock’n Roll ain’t noise pollution » et « shoot to thrill » et son fameux break (extrait live de 1983 ci-dessous):

Pour certains, Back in Black, disque lissé et sacrifié sur l’autel de la pop, fut l’album de la compromission. Affaire de subjectivité que tout cela, sachant qu’avec un groupe aux limites aussi assumées qu’AC/DC ces débats n’ont que très peu d’importance: le combo n’a de fait jamais vraiment remis en cause ses fondamentaux. Le groupe a d’ailleurs eu l’intelligence de ne pas se poser autant de questions au moment de livrer cet album qui est probablement son plus abouti. La suite donnerait raison en revanche aux détracteurs: en crise d’identité face à une concurrence métal nouvelle, à laquelle il est plus ou moins associé, AC/DC essaiera maladroitement de durcir le ton au gré de disques ratés et se perdra complètement dans le gigantisme des années 80 sans jamais retrouver l’équilibre que cristallise ce Back in Black.


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